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The filthiest culture alive
4 octobre 2010

Kaboom.

Affiche_Kaboom_Gregg_Araki_1_

Ne vous fiez pas à la bande annonce putassière de Kaboom, dernier film de Gregg Araki, qui voudrait vous faire croire que toute son intrigue repose sur la trique démentiel de son acteur principal. Ne vous tentez pas à croire qu'il s'agit d'une énième excuse à mettre en scène des étudiants californiens waspy et leurs années de débauche à l'université. Babs Johnson a vu le film en avant première et elle sait de quoi elle parle.

Tout film de Gregg Araki repose sur son désormais classique triptyque: sexe, drogue et shoegaze. Bien sûr, Kaboom n'échappe pas à la règle. Mis au premier plan au début du film, il commence comme un teen soap à la sauce queer des plus classique. Smith un jeune étudiant en cinéma s'installe sur son campus et partage sa chambre avec un hétérosexuel au nom stupide de Thor qui s'avère être son genre de mec. Aux pauses déjeuner, il est rejoint par sa meilleure amie Stella et lui raconte le calvaire de ses nuits à fantasmer sur le corps nu de Thor sous ses draps. Entre temps, dans les toilettes d'une soirée, Smith rencontre London une fille qui aime se taper des homos. Ils deviennent friends with benefits. Smith continue à scruter les moindres faits et gestes de Thor pour trouver en lui l'homo qu'il pourrait bien être. Mais l'histoire devient un peu plus Twin Peaksienne. Smith, à la veille de son dix-neuvième anniversaire est hanté par le même rêve impliquant un couloir immaculé, sa mère, Stella, London, une rousse, une brune, au bout du couloir une porte et derrière elle, une benne à ordure. Le jour de ses dix-neuf ans, le rêve commence à devenir réalité quand il reçoit une carte avec au dos écrit "YOU ARE THE CHOSEN ONE".

On a beaucoup dit que Nowhere était une copie brouillonnée de Kaboom. Plus que ça, Kaboom aurait tout à fait eu sa place dans la Teenage Apocalypse Trilogy d'Araki. Le thème de la fin du monde y est récurrent. Kaboom est juste un peu plus abouti. Dans ce nouveau film, Araki nous offre une écriture plus adulte (pas dans le sens ennuyeux du terme) qui sera certainement appréciée par un plus large public si bien sûr il adhère à sa réalisation speed, colorée et musicale. Araki a développé un sens de l'humour plus osé que dans ses autres films. Kaboom est doté d'une forte capacité aux répliques cultes. Comme dans Mysterious Skin, les relations parents/ados y sont plus évoquées alors qu'elles étaient quasi inexistantes dans ses autres films. Plus surprenant, les personnages ne se contentent pas d'être beaux. Ils ont un fond. Et pour une fois, ce n'est pas l'histoire qui fait les personnages mais les personnages qui font l'histoire. On ne peut s'empêcher de les trouver attachants et également de retrouver un petit peu de nous en eux (surtout si l'on est filthy). Kaboom devient alors un manifeste contre le conformiste, les préjugés, la misogynie etc. Smith (joué par Thomas Dekker) refuse de se faire sexuellement catalogué, même de bisexuel. Stella, une lesbienne invétérée est la première (et la seule) à refuser en classe un devoir lorsqu'elle trouve le sujet un peu trop misogyne (c'est moi). London (jouée par Juno Temple, fille de Julien) assume son penchant pour le sexe mais au lieu d'en faire une blonde décérébrée qui pousse de faux orgasmes, Araki en a fait un personnage qui n'a pas peur de défier l'ego surdimensionné des hommes lorsqu'il s'agit de sexe. Thor, surfeur hétéro de base, ne craint pas "l'homosexualité" de Smith. Au contraire, il en est même curieux.

Evidemment, on ne peut finir d'écrire sur un film de Gregg Araki sans évoquer les toujours sublimes soundtracks qui les accompagnent. Mais j'ai vu Kaboom il y a deux semaines et j'avoue avoir un trou. Je me souviens tout de même d'avoir entendu des morceaux de The Big Pink, The Horrors, A Place To Bury Strangers et au générique de fin Placebo.

Babs Johnson.

Kaboom sort le 6 Octobre dans les salles.       

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